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Paprika

 

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Aborder un nouveau long métrage de Satoshi Kon c’est comme de retourner dans sa pizzeria préférée, on sait que ça va être bon mais on se demande vraiment comment cela pourrait être meilleur qu’avant. Or, se poser la question déjà est une grosse erreur tant le cinéaste (l’animateur mais on va pas chipoter) nous avait prouvé l‘étendue et la diversité de son univers lors de ses précédentes animations. Inutile donc d’épiloguer plus longtemps, Paprika, son quatrième film, est une fois de plus un pur chef d’œuvre si bien que (comme à la fin de chacun de ses métrages) on se demande bien comment il pourra mieux faire la prochaine fois.

 

"Bienvenue dans le plus grand spectacle du monde !"

 

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     Une équipe de scientifique s’est fait dérober sa dernière trouvaille, la DC-mini, un appareil permettant d’interagir dans les rêves des autres. Rapidement, la petite équipe fait les frais d’une attaque à coup de manipulations malveillantes de leurs propres rêves. Alors que l’utilisation d’une telle machine restait de l’ordre de la thérapie (un commissaire l’utilise pour y voir plus clair dans son enquête), le terroriste, lui, tente de lier tous les rêves et de devenir ainsi le maître de cette seconde réalité.

 

 

        On savait, grâce à ses précédents bienfaits, que Satoshi Kon aimait le cinéma dans son sens le plus large du terme : celui désignant une réalité factice, accepté tacitement ou non par tous. C’est ainsi que commence Paprika, comme un spectacle démesurément grand, dans lequel un de ses personnages se noie, avant d’être rattrapé par ses images inconscientes, rassurantes… directement tirées de références cinématographiques. Devant une telle mise en bouche, difficile de ne pas apprécier d’amblée le second degré de ces mises en abyme à peine déguisées.

 

       Une fois l’excuse scientifique expliquée et l’enjeu du film mis en place, le tour de montagne russe peu commencer. Pour traiter de sujets aussi complexes (les méandres des rêves, les conséquences scientifiques et j’en passe) Satoshi Kon préfère nous les envoyer de front. Sympathique se dit-on ! Ils sont rares ces réalisateurs qui croient encore à l’esprit d’analyse de ses spectateurs.  

      Grave erreur ! On ne nous montre que ce que l’opaprika 2n peut et veut voir. Par un travail graphique exemplaire, une ambiance sonore dantesque et une mise en scène d’une efficacité à faire pâlir Verhoven, on se retrouve transporté dans un grand huit émotionnel totalement immersif. Ainsi, plus on avance dans le métrage, plus les conséquences de ce grand jeu semblent nous dépasser. Lorsque enfin on croit connaître ses intentions, le bougre pousse les enjeux du film encore plus loin. Allant jusqu’au point de rupture où les codes de la réalité et du rêve, de l’intrigue mais aussi du spectateur, se confondent en un seul tout et en une seule conclusion en forme de looping ultime que n’aurait pas renié son maître Otomo. Une fois les pieds sur terre, on se dit que « quand même, on est vachement intelligents pour avoir ainsi tout saisi ». Sans se rendre compte qu’en fait, Kon nous a tenu tout du long par la main dans des réflexions qui nous dépassent mais que l’on semble avoir instantanément assimilées.

 

         Bien sûr, les ingrédients de cette potion magique ne sont pas inconnus. L’humour, constamment présent, et les nombreuses références et autoréférences parfaitement intégrées au récits apportent ainsi la cerise sur un gâteau déjà excellent. Satoshi Kon vient donc de sceller à tout jamais sa place parmi les grands du cinéma (et pas seulement de l’animation), il trône désormais au coté de Miyazaki et de ces auteurs qui, non content d’être géniaux, redéfinissent et condensent l’idée de la perfection sur grand écran.

 

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Paprika (2007)

De Satoshi Kon

Scénario: Satoshi Kon, Seishi Minakami

Photo: Lichiya Katou

Musique: Susumu Hirasawa

 

Emile

 

Ecrit le 30 janvier 2007

Copyright 2006 Desert-cult