Guns and Talks

 

 

            S’il existe un cinéma qui a su tirer partie avec brio d’un mélange en le noble cinéma d’auteur et le populaire cinoche de genre, c’est bien celui du pays du matin calme. Entre Old Boy, A Bittersweet Life et Président’s Last Bang, les exemples réussi ne manquent pas. C’est dans cette veine que s’inscrit le parti pris de Guns and Talks, un polar mêlant discours « philosophique » et humour.

 

        Quatre jeunes tueurs à gages partagent contrats, loyers, repas, bref vivent comme une petite famille dont Sang-yeon est le chef. Lors d’une mission périlleuse, ils attirent sur eux l’attention du procureur, ce qui ne les empêche pas d’accepter un contrat particulièrement suicidaire pour les beaux yeux d’une présentatrice TV dont ils sont secrètement amoureux.

 

 

            Talentueux scénariste (notamment de Welcome to Dogmakol) et réalisateur de commande honnête en Corée, Jin Jang signe ici une œuvre toute particulière ayant pour projet casse-gueule de mêler les genres. Ici le genre très codifié du film de tueur à gage Ici le genre très codifié du film de tueur à gage se fait discret et ne surgit qu’à points nommés lors quelques scènes d’exécutions brillantes. Fini l’esthétique léchée, noire des polars, l’image pale amène ici à considérer les tueurs dans leurs vies  et occupations quotidiennes. Alors qu’ils enchaînent les contrats, apparaissent leurs premières limites : exécuter une femme enceinte, accepter un contrat d’une jeune lycéenne… Jin Jang choisi dès lors de cultiver l’absurde générées par ces situations plutôt que d’en livrer une réelle réflexion sur la nature humaine. D’ailleurs les différentes dérives philosophiques ne sont en fait que les états d’âmes naïfs du plus jeune de la troupe rendant le discours plus sensitif que réellement réflexif.

 

 

 

            Sans chercher l’esbroufe d’une pseudo introspection sur le genre, le réalisateur réussi à lier l’humour, la romance et l’action sans prétentions. Le tout se synthétise en une incroyable scène d’exécution lors d’une représentation théâtrale, faisant succéder tout un panel d’émotions diverses et contradictoires. Un véritable petit tour de force donc, pas exempt de menus défauts bien sur, mais n’atténuant jamais l’originalité de ce bon petit bout de péloche.

 

 

Emile

 

Guns And Talks (2001)

 

De Jang Jin

Scénario : Jang Jin

Musique : Han Jae-kwon

Avec: Sin Hyun-joon, Jeong Jae-young, Won Bin, Oh Seung-hyun, Shin Hyeon-jun, Kong Hyo-jin

 

le 24 mai 2007