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Pro-life

 

prolife

 

            Réalisateur de génie, scénariste couillu, compositeur efficace, John Carpenter incarne pour toute une génération de cinéphile une certaine idée de la perfection de la mise en scène. L’avantage de ne pas être un contemporain des trois premiers quarts de sa filmo a permis d’apprécier avec un regard extérieur ses carpenter2chefs-d’œuvre, pour la plupart controversés lors de leurs sorties. Le constat est en tout cas net, même ses films les plus faibles pourraient être montrés dans les écoles de réalisation tant la maîtrise de l’espace et de l’action est à chaque fois sidérante. Et pourtant, depuis l’échec de Ghost of Mars, Big John semble fatigué par son métier, et annonce plusieurs fois qu’on ne le retrouvera plus derrière la caméra, faire des films n’est plus aussi amusant qu’autrefois…

 

       C’est alors qu’arrive le projet Masters of Horror, mini-série regroupant ces réalisateurs (pour la plupart) old school qui font partie des légendes vivantes du cinéma de genre et plus spécifiquement de l’horreur. Honnêtement c’est avec une grande circonspection que l’on entame chacun de ces épisodes, le réalisateur ayant eu soit une fin de parcourt difficile (Argento, Hooper, Malone) soit des difficultés à entamer un prochain long métrage (Lucky Mc Kee, Joe Dante et Carpenter donc…). Et pourtant, dans les deux cas on ne peut que se réjouir de la réussite de la plupart des épisodes, avec en tête le malsain Jennifer de Argento et le Cigarette Burn’s de Big John. Celui-ci revenait à un sujet connu. Impossible de ne pas voir des restes de l’antre de la folie dans cette histoire de film maudit amenant le chaos chez chacun de ses spectateurs. Qu’importe, l’atmosphère de folie dégagée par le film suffisait à le rendre largement supérieur à celui de ses camarades. Bref, John Carpenter n’avait rien perdu de son talent et on ne pouvait que prier pour le revoir à la barre d’un dernier long métrage.

 

            Vous vous en doutez, une introduction aussi longue ne pouvait être présente que compenser l’immense déception de ce Pro-life, quatrième épisode de la seconde saison des Masters of Horror. À ce titre d’ailleurs, il est difficile d’éprouver (et d’écrire donc) la moindre critique négative à l’égard d’un auteur qui n’a de toute manière plus rien à prouver tant son apport au cinéma relève déjà du miracle. Le plus simple est donc d’en faire une description linéaire, subjective (comme toujours), mais prolife2surtout sensitive de l’épisode. Un docteur et son assistante « plus si affinité » manquent de renverser une jeune fille déboulant sans prévenir au milieu d’une route perdue dans la forêt. Visiblement en état de choc, ils décident de la conduire à l’intérieur de leur lieu de travail, une clinique spécialisée dans l’avortement. Alors qu’un étrange camion rouge tente de rentrer dans l’enceinte de l’établissement, le personnel se rend compte que cette étrange fille de 15 ans est enceinte et est la fille de ce gros taré de Dwayne un pro-life, bien connu du directeur. C’est celui-ci même qui siège au volant du véhicule rouge et rêvant de faire la peau à tous ces médecins du diable.

 

          Extrêmement excitant dans l'exposition, la mise en place de la tension rappelle tout de suite les meilleures fulgurances de son auteur. Et pourtant, dès qu’il s’agit d’utiliser cette tension, la sauce retombe et les incohérences pullulent de manière diablement gênante. Incohérences que le scénario, construit en forme de best-of de l’auteur, ne vient pas arranger. Le fantastique pointe en effet son nez au milieu de l’histoire sans subjectivité aucune, on essaie alors d’y voir un second degré, une sorte de clin d’œil cynique que le réalisateur à déjà utilisé par le passé mais rien n’y fait. S’ensuit une superposition de scènes décousues dont le manque de finesse sidère. Les fulgurances gores (et s’est un problème sur toute la série) sont d’une grossièreté hallucinante, à croire que ces auteurs/réalisateurs oeuvrant sur la série avaient finalement plus d’idées lorsqu’ils se trouvaient dans la confrontation plutôt que dans une liberté artistique et morale totprolife__07ale. Même le propos « politique » sur lequel on attendait l’auteur n’a ici aucune portée pas même nihiliste comme il avait parfois l’audace de le faire. C’est donc dépité que l’on arrive difficilement vers la conclusion de ce moyen-métrage, la fin donnant une telle impression de série Z que l’on vient à se demander si Big John n’est pas venu sur ce Pro-life juste pour s’amuser avec sa bande de vieux pote, ou alors peut-être pour laisser à ses concurrents la première place dans cette série des Masters of horror qu’il considère comme une forme de compétition détendue mais malsaine.

 

En bon rédacteur de mauvaise foi, je vais considérer que c’est la seule raison de la qualité médiocre de cette dernière production en date du plus grand réalisateur contemporain. Et, à moins que  celui-ci ne retrouve le goût de la péloche, j’irai même jusqu'à m’appliquer un révisionniste Lucassien: d’ici trente secondes toutes traces de cet épisode s’autodétruiront, laissant comme fin à la filmo du Big John la très bonne surprise qu’avait été la fin absolue du monde.

 

Emile

 

Prolife (2007)

De John Carpenter

 

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