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Bandes dessinées

Critixman

 

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Voici un petit (par la taille) album fort réjouissant.

           Si vous êtes allez flâner dans les étalages des librairies spécialisées, vous avez sûrement constaté l’abondance de nouvelles collections « auteur » visant, entre autres sur le modèle de l’Association, à promouvoir une bande dessinée différente, nouvelle et évolutive. Au milieu de cette forêt de cases et de bulles, bien des albums se trouvent être de pures, et bien étranges, expériences graphiques, artistiques ayant pour but de dérouter le lecteur mais entrainant, parfois, comme conséquence de le perdre par excès de prétention ou par désintérêt du lecteur venu avant tout chercher ici du divertissement.

 

         Ainsi on pourrait séparer, avec la finesse d’un diplodocus obèse, ces bouquins en deux catégories : la bande dessinée à but commercial (en gros des dragons, des gros seins, des belles épées) et la bande dessinée « artistique » visant à questionner son médium et à se rapprocher de l’œuvre d’art pour s’éloigner de l’objet à vocation divertissante. Bien évidemment (et fort heureusement) il reste tout un panel d’auteur, quasiment une catégorie à part entière, faisant fit de toutes considérations commerciales mais oeuvrant pour un divertissement pur, marqué souvent et entre autre par l’expérience personnelle de son auteur. Considérés comme des vulgarisateurs, des suiveurs, par des « artistes » plus underground, ils font pourtant bien plus que capitaliser sur le travail de ces derniers. Ils constituent, bien souvent, la synthèse adéquate entre l’attente du lecteur, l’utilisation des codes éculés de la narration et les ambitions artistiques et personnelles du travail d’auteur. Pas étonnant donc de voir ces albums remporter un succès mérité, récompensant ainsi la grande générosité et la sincérité qu’ils contiennent et véhiculent. Si l’on pourrait citer des dizaines d’auteurs de cet acabit, nous en avons retenons aujourd’hui un: Manu Larcenet avec son Critixman.

 

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          Pourquoi une introduction si grande ? Parce que la bande dessinée présentée parle de tout ça, en mieux, évidement, et en plus réaliste vu que, bah, son auteur en est un, d’auteur, et qu’il semble connaître ces problèmes par cœur…

Critixman met en scène un Mr Larcenet pris en grippe par une sorte de critique-spécialiste-historien-et-donneur-de-leçon-de la-bande-dessinée. Portant cette entité au dessus de son épaule comme un petit diable, Larcenet décrit aussi bien la suffisance incroyable des porteurs de la vérité phylactèrienne que la lutte de l’auteur avec son propre coté « auteur important se sentant investit de missions dépassant l’intellect du lecteur lambda ».

Utilisant la liberté que lui donne l’édition des rêveurs, Larcenet découpe son récit en une vignette par page, laissant au lecteur la possibilité de s’attarder sur un trait souple et aéré dont la dynamique oblige une lecture d’un trait. Rarement, en bande dessinée, le propos et le ludique n’avait cohabité avec autant de finesse et de liberté, du coup ce Critixman représente parfaitement cette branche de la Bédé sincère, libre, auteurisante mais généreuse.

 

 

PS : Je ne l'ai pas vraiment dit mais cela va s’en dire, cette bédé est hilarante à s’en taper le cul par terre…

 

Emile

 

Critixman (2007) de Manu Larcenet

Edition les rêveurs.

 

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