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Cinéma

30 jours de nuit ou comment en vient-on à défendre un film peu convaincant…

 

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           Il faut commencer par la base, c'est-à-dire le web et sa capacité à vous faire mariner à coup de commentaires enflammés et de reviews sur les films, dithyrambiques, alors même que les projections presse ne sont pas entamées en France (ce qui laisse imaginer quelques pistes sur les moyens utilisés pour les visionner). Ce fut le cas pour ce 30 jours de nuit. Non pas que la fiche technique ne fût pas alléchante : David Slade à la barre, tout juste sortie de son très convainquant Hard Candy, Steve Niles (auteur de la bédé), en tant que coscénariste et Sam Raimi à la production (bien que ces productions ne soient pas à proprement parler des chefs-d’œuvre, ça reste quand même Sam Raimi). Bref ça augurait du bon, les premières personnes ayant vu le film relayèrent cette sensation avec un entrain tel qu’il sentait presque l’arnaque… On proclame ainsi le successeur de Carpenter d’un coté, on vante un méchant comeback au film d’horreur terrifiant (il était temps) de l’autre, on parle de retour aux sources du mythe des vampires… Bref l’attente ce fît longue, d’autant plus que l'équipe de Mad Movies eux-même semblaient unanime sur le film : au pire c’était très bon, au mieux un chef d’œuvre… Et pourtant…30-jours-de-nuit-30-days-of-night-2006-3

 

         Loin d’avoir totalement détesté le film, à la sortie de la salle le constat fût pour ma part assez clair : ce film est raté. Il est loin d’être inintéressant certes et même très convainquant sur certains points, mais y a quand même un paquet de choses qui clochent. La gestion du temps tout d’abord, pas foncièrement mauvaise, mais totalement inadaptée à son concept, c'est-à-dire 30 jours de nuit : ici le film est tourné et monté comme si cette longue nuit durait 10h[1].

Un discourt lourdingue sur la famille et une histoire d’amour inaboutie, plombant fortement le final[2]. A cela ajoutons quantité de scènes efficaces mais inutile, semblant ouvrir des sous-intrigues, mais les clôturant aussitôt. Le tout donne cette frustration, largement amplifiée par le potentiel énorme de son sujet (des vampires et 30 jours de nuits bordel !!!) et par le buzz produit par le web et la presse.

Et pourtant…

        Quelques jours après la vision dudit chef d’œuvre manqué, un ami m’en parle et me fait comprendre que pour lui ce film n’est rien d’autre qu’une belle daubasse, un autre produit fait à la va vite avec des belles gueules et une franchise peu onéreuse par une major désireuse de renflouer ses caisses en surfant sur la vague, pourtant déjà bien retombée, du film d’horreur à base de vampires/zombies enragés.

Et bien là il faut bien admettre que non, non et non non ce film est loin d’être une daubasse, il est loin d’être désincarné (c’est mon interprétation de « produit fait à la va vite ») mais surtout il transpire la hargne et la sincérité et rien que pour ça, il ne peut être rangé aux cotés des dernières adaptations videoludiques ou des dernières confrontations de deux légendaires monstres extraterrestres. Seraient à rajouter au rang des bonnes intentions du film, une expérimentation musicale d’une grande efficacité (et c’est pour moi le seul point commun trouvé avec John Carpenter), ainsi que quelques plans magnifiant l’animosité des vampires ou la situation géographique extrême. Tout ça pour dire que pour aboutir à de telles fulgurances et ce même si le produit fini n’est pas tout à fait convainquant, il faut un regard, une personnalité et une envie de donner du sens à ce qui se passe sur l’écran et ça, c’est assez rare pour être souligné. 30-jours-nuit-6

 

          Mais quelle est donc la raison d’un tel article ? D’abord on casse du film et puis on le repêche, comme ça pas de problème de conscience avec les spectateurs pas content ? Là n’est pas le but, non non non monsieur, c’est juste pour rappeler qu’il existe une drôle d’asymétrie entre des films pourraves et qui pourtant vont bénéficier d’un traitement de faveur (des critiques et des spectateurs) du fait que l’on en n’attend rien et au nom de la bien pratique expression de  plaisir coupable. Alors que d’un autre coté des films certes loupés mais qui dans l’absolu sont bien meilleurs reçoivent parfois de bien injustes brimades. Tout ça pour me rendre compte que la réussite, même au niveau zéro de la création, est parfois plus apprécié qu’un ratage venant des hautes sphères de la qualité cinématographique. Mais je ne vous jetterai pas la première pierre, moi-même je préfère me revoir le meilleur des Steven Seagal plutôt que le pire des Mac Tiernan (Rollerball pour ne pas le nommer). Pour exemple chiffré, et après je vous laisse tranquille, Alien versus Predator 2 aura fait, en fin de parcours 601 745 entrées et notre 30 jours de nuits 230 273…

 

Emile

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ps : Mon dieu, en me perdant au milieu des chiffres je me suis rendu compte que death sentence, chef d’œuvre absolu aux cotés des deux films suscités (et excellent film au demeurant) n’a fait que 75 452 entrées. La vérité sur ces chiffres serait peut-être ailleurs (en tout cas je me garderai de conclure à la hâte que c’est la faute de ces grosses tâches de spectateurs où que les distributeurs sont artistiquement de fieffés incompétents)…



 

[1] Ce défaut était en fait déjà présent dans le comics d’origine

[2] Ce qui, pour le coup était bien plus intéressant dans le comics…

 

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